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Roman Wiget
Roman Wiget

Co-président de l’association pour l’eau potable AWBR

Une protection insuffisante, la crise climatique et l’absence de planification mettent en péril l’approvisionnement en eau potable, notre aliment numéro 1.

La NZZ a décrit le 13.04.2023 la situation de l’approvisionnement en eau potable et la coordination entre les cantons et les communes.

La situation en matière d’approvisionnement en eau potable est très bien décrite, avec des lacunes entre la Confédération, les cantons et les communes :

« En Suisse, ce sont les cantons qui décident qui peut prélever de l’eau dans un ruisseau, une rivière, un lac ou une nappe phréatique. L’approvisionnement en eau potable est quant à lui du ressort des communes. Tant que l’eau jaillit en permanence, ce patchwork fédéraliste fonctionne bien. Mais si l’eau vient à manquer, comme lors des étés caniculaires de 2003, 2015, 2018, 2019 et 2022, les bases de décision nécessaires font soudain défaut (…). Ni les cantons ni la Confédération ne savent qui consomme quelle quantité d’eau et dans quel but. On en sait encore moins sur la quantité d’eau qui sera disponible dans les semaines et les mois à venir. Sur le thème de la sécheresse, la Suisse navigue à l’aveuglette ».

Cette navigation à l’aveugle est dangereuse et négligente. Pour l’électricité et les transports, il existe depuis des décennies des stratégies, des plans sectoriels et des plans directeurs à l’échelle nationale. Ces instruments font défaut pour l’eau potable, notre aliment le plus important. Nous voulons changer cela en intégrant l’eau potable dans l’article constitutionnel sur la sécurité alimentaire et en garantissant de manière ciblée les ressources en eau potable nécessaires.

Le fait est que la majorité des cantons suisses connaissent des pénuries temporaires d’eau potable et que l’ampleur de ces pénuries a massivement augmenté au cours des dernières années [OFEV, 2014 et 2021]. Il est également un fait que la majorité des cantons suisses ne connaissent pas suffisamment les utilisations de l’eau ni les ressources en eau sur leur territoire. La sécurité de l’approvisionnement en eau potable ne peut donc pas être garantie.

L’approvisionnement en eau potable n’est pas seulement menacé par le manque d’eau dû au climat et au manque de planification. Au cours des dernières décennies, de nombreux captages d’eau potable ont dû être abandonnés en raison de taux de nitrates trop élevés ou de résidus de pesticides problématiques.

Quelques faits à ce sujet également :

– Sur le Plateau, 80% des valeurs de nitrates sont supérieures à 10 mg/L. Dans les régions de grandes cultures, la moitié des nappes phréatiques présentent même des valeurs de nitrates supérieures à la valeur requise de 25 mg/L [OFEV, 2022].

– Plus la teneur en nitrates est élevée, plus le risque de cancer de l’intestin est important. Un risque accru de cancer existe déjà pour des valeurs de nitrate nettement inférieures à la valeur requise actuellement en vigueur [Puls, 2018].

En bref, il s’agit d’un problème de santé publique : La protection insuffisante des ressources, les changements climatiques et le manque de planification menacent l’approvisionnement en eau potable. C’est pourquoi l’initiative prévoit de faire de l’eau potable un élément de la sécurité alimentaire et de renforcer la protection de l’eau potable. Pour cela, il faut :

1. des planifications globales et coordonnées au lieu d’une navigation à l’aveuglette et d’un patchwork de mesures

2. des ressources en eau potable sûres et protégées au lieu de conflits d’utilisation non résolus, de taux de nitrates élevés, de résidus de pesticides et de mesures d’assainissement coûteuses.

Nous avons ici une responsabilité intergénérationnelle, car il s’agit de notre ressource vitale n° 1, l’eau potable. Et il s’agit de ressources en eau potable dont nous ne sommes pas les seuls à dépendre, mais aussi les générations futures.

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Daniel Hartmann

Scientifique diplômé EPF, géologue,ancien chef de la section Protection des eaux souterraines, Office fédéral de l’environnement OFEV Berne. Co-initiateur de l’initiative « Pour une alimentation sûre »

Une connaissance insuffisante de nos nappes phréatiques, une mise en œuvre déficiente des mesures visant à les protéger et l’absence de planification régionale à certains endroits mettent en péril notre principale réserve d’eau potable et industrielle, les eaux souterraines.

80% de notre eau potable provient des eaux souterraines. Heureusement, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) l’a à nouveau reconnu et a relancé début mai 2023 sa « section Protection des eaux souterraines », dissoute il y a une dizaine d’années.

L’eau potable est notre aliment n°1 et est indispensable à notre sécurité alimentaire. L’initiative demande donc que l’approvisionnement de la population en eau potable soit garanti au même titre que l’approvisionnement en denrées alimentaires. Concrètement, elle crée les conditions pour que soient recensées et garanties les ressources en eaux souterraines, indispensables à une production durable d’eau potable. Et elle empêche systématiquement le dépassement des valeurs maximales fixées dans les objectifs environnementaux de l’agriculture pour les substances si nocives pour nos nappes phréatiques et notre eau potable.

Pour la plupart des gens en Suisse, il va de soi que de l’eau potable propre coule du robinet à tout moment et sans restriction. Cependant, la pollution croissante des eaux souterraines provoque de plus en plus de problèmes et des coûts plus élevés qui, à tort, ne sont pas imputés aux responsables, mais le plus souvent aux distributeurs d’eau ou aux consommateurs.

Les événements climatiques de plus en plus extrêmes, les sécheresses et les pertes de récoltes qui en découlent ont un impact considérable sur l’agriculture suisse. entre autres, d’énormes répercussions sur l’agriculture suisse. De plus en plus d’agriculteurs se plaignent du manque d’eau et des pertes de récoltes en été.

Malheureusement, il est aujourd’hui loin d’être évident de pouvoir utiliser les eaux souterraines comme eau potable sans traitement supplémentaire. Au contraire, on trouve dans de nombreuses réserves d’eau utilisées aujourd’hui des substances nocives pour l’homme et l’environnement. Elles proviennent principalement des engrais et des pesticides utilisés dans l’agriculture, même à proximité des captages d’eau potable. La commune du Seeland où j’habite depuis de nombreuses années pouvait encore fournir de l’eau potable de « sa propre production » jusqu’en 2012. Aujourd’hui, la commune doit s’approvisionner en eau potable auprès du syndicat d’eau « Grosses Moos », car elle n’a pas protégé sa propre nappe phréatique conformément aux prescriptions. Pour avoir une eau potable saine, nous avons besoin d’une agriculture durable qui soit en harmonie avec une eau potable propre ! C’est ce que demande notre initiative.

La qualité de toute loi dépend de son contrôle et de son application. Afin de protéger correctement les réserves souterraines d’eau potable et de pouvoir continuer à les utiliser sans restriction à l’avenir, les autorités compétentes doivent recenser en détail les nappes phréatiques exploitables et les surveiller régulièrement. Les prescriptions et les mesures en vigueur concernant les activités, les installations et les polluants susceptibles de polluer l’eau doivent être contrôlées et des sanctions efficaces doivent être prises en cas d’infraction.

En fin de compte, il est de notre responsabilité de garantir aux générations futures un accès illimité à l’eau potable. C’est pourquoi l’initiative « Pour une alimentation sûre » est nécessaire !

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Franziska Herren

Présidente de l’association « De l’eau propre pour tous »

Comme nous venons de le voir, la crise climatique peut très rapidement provoquer une pénurie d’eau potable et d’eau pour la production alimentaire, même dans le château d’eau de l’Europe. Or, jusqu’à présent, l’agriculture et l’industrie alimentaire n’ont pas été préparées aux incertitudes de production qu’entraîne le changement climatique. De même, l’approvisionnement alimentaire de la population suisse dépend aujourd’hui à 50% de l’étranger. Et en ce qui concerne son approvisionnement en eau, la Suisse ne sait pas combien d’eau elle consomme et combien elle a à sa disposition. La politique agricole actuelle a donc un effet contraire à celui de la sécurité alimentaire, qui a été inscrite dans la Constitution en 2017.

Le fait que la Suisse doive importer la moitié de ses denrées alimentaires est une conséquence directe du fait que la production et la consommation d’aliments d’origine animale sont massivement plus subventionnées que celles d’aliments d’origine végétale : 2,3 milliards de francs contre 0,5 milliard.

Les prairies et les pâturages de Suisse conviennent à la production de viande et de lait. En revanche, la culture actuelle de fourrage comme le maïs et les céréales sur 60% des terres arables du pays entre en concurrence directe avec l’alimentation humaine. En effet, en cultivant davantage d’aliments végétaux pour la population, comme les légumineuses ou les céréales, il serait possible de produire beaucoup plus de calories par hectare de terres arables, et ce, en utilisant beaucoup moins d’eau. Ainsi, avec plus de denrées alimentaires végétales, le taux d’autosuffisance net pourrait passer de 50% aujourd’hui à au moins 70%. C’est exactement ce que nous demandons avec notre initiative.

L’initiative réagit ainsi également au changement de mentalité de la population, qui n’a malheureusement pas eu lieu jusqu’à présent dans la politique agricole : Déjà plus de 60% de la population suisse se nourrit de manière flexitarienne et mange consciemment moins d’aliments d’origine animale par égard pour l’environnement et la protection des animaux. Cela offre de nouvelles perspectives aux agriculteurs et agricultrices et leur donne la chance de prendre pied sur le marché en pleine croissance des denrées alimentaires végétales, respectueux de l’environnement et du climat.

La production de denrées alimentaires d’origine animale est en outre alimentée par l’importation d’aliments pour animaux – avec de graves conséquences pour notre environnement. Sur les 16 millions d’animaux de rente élevés aujourd’hui en Suisse, la moitié est nourrie avec des aliments importés. Trop de lisier et d’azote surfertilisent donc les sols, les forêts et les eaux, polluent notre eau potable avec des nitrates, détruisent la biodiversité et la fertilité des sols et renforcent la crise climatique. Les valeurs maximales pour les engrais et l’azote, qui sont déjà ancrées dans les objectifs environnementaux de l’agriculture depuis 2008 pour protéger l’environnement et donc notre sécurité alimentaire, sont ainsi massivement dépassées – de 70% pour l’ammoniac, un gaz toxique contenant de l’azote.

Comme le montrent la pratique et la science, nous avons besoin, pour notre sécurité alimentaire, pour la protection de l’environnement et la maîtrise de la crise climatique ainsi que pour l’eau potable, d’une production alimentaire durable qui assure une plus grande biodiversité et une meilleure fertilité des sols. Celle-ci conduit à des rendements plus élevés dans l’agriculture et peut en outre remplacer les pesticides et les engrais chimiques.

Pour un approvisionnement sûr en denrées alimentaires et en eau potable, l’initiative exige

 – un taux net d’auto-approvisionnement d’au moins 70% ; pour cela, la production et la consommation de denrées alimentaires végétales doivent être encouragées ;

 – une quantité suffisante d’eau potable et que les ressources en eau souterraine soient garanties pour une production durable d’eau potable à cet effet ;

– que les semences et les plants naturels résistants aux semences, la biodiversité et la fertilité des sols soient garantis comme bases de production de l’agriculture ;

– que les valeurs maximales pour les engrais et l’azote ne soient plus dépassées ;

– que les subventions ainsi que l’encouragement de la recherche, de la vulgarisation et de la formation ne doivent pas aller à l’encontre des objectifs de l’initiative.

En cas d’adaptations nécessaires de la production agricole, les agriculteurs et agricultrices bénéficieront en outre d’un soutien financier de la Confédération.

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David Jacobsen

Agriculteur CFC, co-chef d’exploitation Gut Rheinau

Sur le domaine de Rheinau, nous exploitons 125 ha de terres. Environ 85 ha sont des terres arables. Sur ces terres arables, nous produisons tout au long de l’année une diversité de légumes de près de 100 espèces et un grand nombre de variétés. Notre production est renforcée par une grande biodiversité et la fertilité du sol, ce qui nous rend indépendants des pesticides et des engrais chimiques.

En ce qui concerne les grandes cultures, nous produisons principalement des semences bio de différentes céréales, de millet, de sarrasin et de lin, ainsi que de légumineuses. Les semences sont un sujet important pour la sécurité alimentaire, car quelques multinationales contrôlent presque tout le marché. Aucune semence ne peut être prélevée sur les semences de leurs variétés, car elles sont de plus en plus composées de variétés hybrides non reproductibles. Un risque énorme pour notre sécurité alimentaire. C’est pourquoi nous considérons comme un pas important le fait que l’initiative « Pour la sécurité alimentaire » exige la promotion de semences naturelles et stables. Personnellement, j’attache une grande importance à ma liberté, car je peux reproduire moi-même des semences et des plants naturels et résistants aux semences, ce qui me rend indépendant des vendeurs de semences et de produits de pulvérisation et autres « conseillers ».

Je transmets quotidiennement mon savoir adapté au site, qui fait de moi un spécialiste de la production alimentaire et des services écosystémiques sur le site que j’exploite : en tant que codirecteur de l’exploitation de Gut-Rheinau, qui compte environ 30 postes à temps plein à l’année, dont 4 apprentis, et en tant que membre de la direction de l’école biodynamique suisse. Grâce à ce savoir adapté au lieu, des agriculteurs et agricultrices indépendants produisent des denrées alimentaires adaptées au lieu et donc un système alimentaire très résilient qui dispose lui-même du savoir nécessaire pour nourrir les habitants de la Suisse. Cela implique également un équilibre entre la production d’aliments d’origine animale et végétale. C’est précisément ce que l’initiative veut établir en faveur de notre sécurité alimentaire, et ce en accord avec l’environnement et la protection du climat.

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Gertrud Häseli

Agricultrice bio, députée www.gertrudhaeseli.ch

En matière d’agriculture et d’alimentation, quittons le malheur bien connu de la production animale unilatérale et tournons-nous vers le bonheur des plantes précieuses qui servent directement à notre alimentation.

Les abeilles sauvages pollinisent les arbres fruitiers et autres plantes utiles. Les guêpes parasites et les coléoptères prédateurs mangent les parasites. A cela s’ajoutent de nombreuses autres espèces animales qui agissent au profit de l’homme. Les effets positifs sont d’autant plus importants que la diversité des espèces est élevée et que le paysage agricole est aménagé en petites structures. En revanche, là où prédominent d’immenses surfaces plantées de manière monotone, la diversité et la quantité des êtres vivants utiles sont nettement réduites. Et cela finit par avoir un impact négatif sur les rendements agricoles.

Des études démontrent de manière impressionnante que l’agriculture peut obtenir de meilleurs rendements grâce aux services gratuits de la biodiversité tout en remplaçant l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides. Une telle agriculture durable, qui favorise la biodiversité et la fertilité des sols, est l’objectif de l’initiative pour la sécurité alimentaire.

Par ma propre expérience, je peux confirmer que les parasites, en particulier pour les cerises et les prunes, sont beaucoup moins fréquents sur les parcelles à structure naturelle. Les loirs, le bois mort, le cours d’eau naturel, tout contribue à créer un environnement de valeur.

Ces éléments ne suffisent toutefois pas à enrayer la perte de biodiversité. Il est donc urgent de redoubler d’efforts. Il s’agit en particulier de nouvelles cultures qui servent directement à l’alimentation humaine, comme le prévoit l’initiative pour la sécurité alimentaire. Les légumineuses, en particulier, sont le moteur d’une rotation des cultures bio. Grâce à leur capacité à fixer gratuitement l’azote atmosphérique et à leur enracinement profond, elles contribuent à maintenir la fertilité des sols. En même temps, elles sont des ingrédients importants d’un mode d’alimentation de plus en plus végétal.

Avec cette initiative, nous quittons, dans le secteur agroalimentaire, le malheur bien connu de la production animale unilatérale pour nous tourner vers le bonheur des plantes précieuses qui servent directement à notre alimentation.

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Adrian Hirt

Fondateur et propriétaire d’Alpahirt

La majeure partie des terres arables suisses est consacrée à la production de fourrage pour les animaux plutôt qu’à l’alimentation humaine. Feed no Food, c’est-à-dire « Ne nourris pas les animaux », est important pour la sécurité alimentaire suisse. C’est précisément ce thème qui est abordé par l’initiative « Pour une alimentation sûre ».

La Suisse est un pays laitier, la vache est notre animal national. Comme les animaux sauvages et les autres ruminants, elle mange de l’herbe que nous, les humains, ne pouvons pas digérer et ne constitue donc pas une concurrence alimentaire. Comme près de 70 % de notre surface agricole est constituée d’herbages et de pâturages, les ruminants sont un élément essentiel d’une agriculture durable. Ils rendent notre environnement et la population plus résilients, en particulier dans les régions montagneuses où l’agriculture n’est pas possible en raison des conditions climatiques.

En revanche, cultiver d’abord des aliments pour animaux sur des terres arables n’est ni durable, ni porteur d’avenir, et encore moins adapté aux petits-enfants. Si l’on y cultive davantage d’aliments végétaux pour les humains, nous pouvons produire beaucoup plus de calories. Le taux d’autosuffisance augmente ainsi. En même temps, cela génère encore beaucoup de sous-produits utilisables qui conviennent à l’alimentation des poulets, des porcs et autres. Une telle économie circulaire (système économique qui évite les déchets et réutilise les ressources) sans concurrence alimentaire entraîne une diminution du nombre d’animaux de rente au profit d’une empreinte écologique plus faible. Les aliments qui en résultent sont produits en harmonie avec la nature et sont de bien meilleure qualité.

Feed no Food (pas de concurrence alimentaire) ne signifie donc pas « pas de viande », mais simplement moins de viande, en particulier de volaille et de porc, qui entrent en concurrence avec notre alimentation en grandes quantités. De plus, la viande issue d’un élevage naturel nécessite beaucoup moins d’antibiotiques. Et c’est précisément ce que je défends depuis bientôt dix ans avec ma viande naturelle à base d’herbages.

L’Initiative pour la sécurité alimentaire » est très importante, notamment parce qu’elle montre à la population qu’il vaut mieux cultiver sur nos terres arables des aliments végétaux qui servent en premier lieu à l’alimentation humaine directe, plutôt que des aliments concentrés pour l’élevage d’animaux de rente. En cultivant des aliments pour animaux, on détruit des calories et la biodiversité.

Les terres arables d’abord pour les hommes, les prairies pour les animaux ! Une économie circulaire moderne sans concurrence alimentaire sert à la fois la santé des hommes, des animaux et de l’environnement et notre sécurité alimentaire.

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Martin Ott

Agriculteur, expert et formateur en agriculture biologique et Demeter

Le rapport d’une société à ses bases naturelles de vie se reflète dans la manière dont elle organise et développe son alimentation.

La disparition des espèces, la perte de biodiversité, la mauvaise alimentation, le changement climatique, les coûts de la santé, la sécurité alimentaire et la politique agricole sont tous liés et interdépendants.

La transformation réussit lorsque l’initiative « Pour une alimentation sûre » est acceptée comme interdépendante des défis supérieurs.

En moyenne, 20% des revenus des exploitations agricoles suisses proviennent directement de sources publiques. De plus, des fonds supplémentaires sont alloués au système de formation et de recherche agricole ainsi qu’à l’ensemble de la chaîne de création de valeur, du champ à la fourchette. Bon nombre de ces subventions et aides vont à l’encontre d’une transformation urgente et nécessaire du système alimentaire et consolident ainsi des développements erronés. Ces fausses incitations sont en fin de compte dirigées contre l’agriculture et sa base naturelle. Avec notre initiative « Pour une alimentation sûre », nous voulons contribuer à résoudre ces contradictions et à mettre fin au blocage de la politique agricole.

L’agriculture n’a pas le droit en soi d’être encouragée par l’État pour des pratiques et des investissements qui génèrent des coûts et des dommages. Mais elle a le droit d’obtenir des lignes directrices claires pour sa propre organisation entrepreneuriale, afin d’y être diversifiée, privée et innovante.

L’initiative conduit à ces lignes directrices claires, dans la mesure où la Confédération, en tant que responsable de la politique de promotion de l’agriculture, remplace toutes les aides qui vont à l’encontre de la transformation et les réoriente en conséquence. Ainsi, la souveraineté alimentaire devient la souveraineté agricole. Elle sort de sa dépendance interne en tant que jouet des intérêts et des exigences pour devenir un futur pilier conscient de la cohabitation de l’homme et de son environnement.

Florianne Waldganz
Florianne Koechlin

Biologiste, auteur de livres

Le plus grand problème du réchauffement climatique n’est pas la hausse des températures, mais l’imprévisibilité et la multiplication des extrêmes : sécheresses, inondations, canicules, vagues de froid, sols détrempés, tornades, etc.

Ce sont des défis énormes pour l’agriculture. L’initiative « Pour une alimentation sûre » y apporte une contribution importante, car les solutions sont évidentes : moins de consommation de viande et plus de biodiversité, sous et au-dessus du sol. Donc, par exemple, des cultures mixtes.

De nombreuses études montrent aujourd’hui que les cultures mixtes ont une énorme capacité d’adaptation et résistent aux caprices de la météo et aux parasites.  Elles donnent en outre un meilleur rendement et permettent d’économiser de l’eau, des engrais et des pesticides.

En voici deux exemples : Au FiBL, une équipe dirigée par Monika Messmer étudie une culture mixte de pois et d’orge. Durant l’été humide de 2021, le pois a mieux poussé que l’orge, et durant l’été sec de 2022, l’orge a bien mieux poussé que le pois. De plus, sur le champ expérimental sablonneux près de Baden, le pois a mieux poussé que l’orge ; sur le sol lourd près d’Uster, l’orge a mieux poussé que le pois. Cette culture mixte est donc comme une assurance pour la famille paysanne : elle donne toujours un rendement. Et après la récolte, les pois et l’orge peuvent être facilement séparés à l’aide d’un tamis ; les pois sont beaucoup plus gros que les grains d’orge.

A Toulouse, à l’ENSFEA, une équipe dirigée par Laurent Bedoussac de l’ENSFEA (Ecole Nationale Supérieure de Formation de l’Enseignement Agricole) expérimente des cultures mixtes de lentilles et de blé. Les lentilles sont de petites plantes fines, elles sont difficiles à battre parce qu’elles sont proches du sol. Lorsqu’il y a du blé, donc une culture de soutien, les lentilles se tiennent debout et peuvent être battues beaucoup plus facilement. Grâce à cette culture mixte, l’équipe a pu récolter deux fois plus de lentilles, et le blé qu’ils avaient séparé des lentilles présentait une teneur élevée en protéines.

Les cultures mixtes fonctionnent également à grande échelle. L' »agriculture en bandes » est très populaire en Chine. Différentes cultures sont plantées en bandes étroites et longues, l’une à côté de l’autre, par exemple du maïs, du soja et du blé ou des cacahuètes avec du maïs. Elles sont cultivées à l’aide de machines. Une grande étude globale sur les cultures mixtes est arrivée à la conclusion suivante : les cultures mixtes entraînent des gains de rendement substantiels dans les grandes et les petites exploitations, dans le Sud et dans le Nord, dans les exploitations agroécologiques et dans les exploitations industrielles en monoculture, tout en économisant des engrais et des pesticides. En moyenne mondiale, les cultures mixtes donnent presque trente pour cent (15-30%) de rendement en plus sur la même surface que les monocultures. Ou inversement : pour obtenir le même rendement, il faut presque trente pour cent de terres en moins.

Ce dont nous avons donc besoin pour notre sécurité alimentaire, c’est de biodiversité, de cultures mixtes et de sols sains. Même l’agriculture biologique a encore des choses à apprendre dans ce domaine. Les monocultures sont en revanche un énorme gaspillage de terres et de ressources.

Angela Zellweger
Angela Zellweger

Entrepreneur

Je suis la mère d’une petite fille d’à peine un an et je me soucie de son monde et de sa Suisse. Je veux qu’elle ait une vie meilleure. Elle doit grandir dans une Suisse à l’eau potable propre, à l’économie propre et dans une société durable qui place le bien-être des hommes et des animaux au-dessus du profit.

Billo Heinzpeter Studer
Billo Heinzpeter Studer

Auteur, fondateur et ex-président fair-fish (1997-2023)
Ex-directeur de KAGfreiland (1995-2001)

linkedin.com/in/billo-heinzpeter-studer

Depuis plus de quarante ans, je me confronte professionnellement avant tout au bien-être et à la souffrance des animaux de surface et sous-marins, détenus ou capturés pour notre alimentation. La souffrance est énorme, pour les animaux, pour l’environnement et, la plupart du temps, pour les personnes directement responsables du traitement des animaux. Si la souffrance et les dommages environnementaux sont si importants, c’est parce que beaucoup trop d’animaux sont élevés en Suisse et dans le monde.

Il est clair depuis des décennies que ce calcul ne peut pas fonctionner. La production de masse bon marché se fait toujours au détriment de ceux qui peuvent le moins se défendre. Nous n’entendons pratiquement jamais les cris des animaux enfermés, nous ne savons presque rien des soucis des agriculteurs, nous sentons tout au plus exceptionnellement la pollution des sols et des eaux surfertilisés par le lisier et le fumier. Mais un jour, la facture nous sera présentée à nous-mêmes. Mais les dégâts seront alors si importants qu’ils seront difficilement réparables.

La conséquence logique de cette situation ne peut être que la suivante : Moins de production alimentaire animale, plus d’agriculture végétale. Nous pouvons soutenir cela par nos achats si nous nous nourrissons principalement de plantes. Mais pour que le changement soit suffisamment rapide, il faut avant tout un changement de système dans la politique agricole : l’État ne devrait plus encourager la production animale avec nos impôts, mais la production végétale. C’est précisément pour cette raison que je salue cette initiative populaire.